Véhicules électriques : une illusion écologique ?
Lors du Conseil de Communauté Urbaine de Cherbourg du 13 octobre le Groupe écologiste n’a pas voté une délibération prévoyant l’installation de 22 bornes de recharges pour véhicules électriques sur le territoire de la CUC.
Cette position a suscité l’étonnement, de bonne foi, d’élus et de citoyens convaincus de l’intérêt environnemental de ce choix par des médias bien approvisionnés en dossiers et communiqués de presse par les lobbys intéressés économiquement au développement de »l’électromobilité ».
Les véhicules électriques n’avaient pas été particulièrement pointés comme importants lors du débat sur la transition énergétique mais ils sont devenus en peu de temps l’objet de toutes les attentions de l’état. Le coût de cette politique – innovation, aides à l’achat et au développement des infrastructures – se chiffre en dizaines de milliards d’euros, sans évaluation prévue.
Les écologistes, qu’il s’agisse des ONG ou des parlementaires EELV, ont pointé du doigt le mauvais rapport coût / efficacité de ces choix politiques. En effet, d’autres alternatives sont possibles : report vers les modes de transport doux, auto-partage, co-voiturage, développement des transports collectifs… des solutions efficaces mais moins intéressantes pour EDF et l’industrie automobile.
Il ne s’agit pas ici de nier l’intérêt de l’énergie électrique dans tous les cas : elle est intéressante pour assister la propulsion d’un vélo ou d’une trottinette, ou pour des véhicules de service amenés à s’arrêter et à redémarrer très fréquemment. Les véhicules électriques présentent aussi l’avantage d’être silencieux et de ne pas polluer là où ils circulent, ce qui est un avantage dans les zones très denses. Un avantage pondéré par le fait que la pollution est déportée vers les lieux de production de l’électricité et des batteries.
Car, malheureusement, l’électricité n’est encore que minoritairement produite de façon renouvelable. Un rapport de l’ADEME de novembre 2013 (disponible gratuitement sur internet) compare l’impact environnemental des véhicules thermiques et électriques au cours de leur cycle de vie. Il montre un avantage réel mais très léger des véhicules électriques à condition qu’ils roulent beaucoup car l’impact de leur construction – à cause des batteries – est très important. Des conclusions qui ne justifient pas de convertir tout le parc automobile français à l’électricité pour un coût exorbitant.
On doit noter aussi que cette conversion rentre en contradiction en l’état actuel des moyens de production avec l’objectif affiché de réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production électrique.
Concernant l’installation de bornes électriques sur l’espace public, il convient de considérer qu’elle consomme de l’espace urbain et qu’elle comporte un risque d’obsolescence car les technologies évoluent vite.
Les élus écologistes, bien qu’opposés à cette politique au niveau national, se sont seulement abstenus en Conseil de cuc car le coût supporté localement est assez faible compte tenu du niveau de subvention très élevé. Ils ont proposé que soit mise en place une solution de partage des véhicules électriques acquis par les collectivités (et éventuellement d’autres partenaires) lorsqu’elles ne s’en servent pas, notamment le soir et le week-end. Un tel dispositif permettrait d’optimiser l’utilisation de ces véhicules (qui polluent surtout beaucoup au moment de leur construction) tout en apportant un service aux habitants, dont certains pourraient alors éviter l’achat d’un véhicule personnel.